[ Biographie] Killerpilze

« L'année dernière [2006] a été incroyable pour nous », se souvient Jo, chanteur guitariste. « C'est pour cela qu'il était si important de laisser passer quelques mois, pour prendre le temps de réaliser ce qu'on avait accompli. » Mäx, guitariste, rajoute : « C'était comme une course à travers les étoiles : d'abord le premier album, puis la signature en major et puis la tournée avec nos premiers festivals ¿ on n'a pas vraiment eu le temps de prendre du recul et de se dire "Hey, qu'est-ce qu'il se passé ?" »
Avec leur arrivée plus que remarquée sur la scène rock, c'est comme si Jo, Mäx et Fabi étaient des prophètes ¿ surtout vu le nom de leur premier album. Après tout, le titre de cet album Invasion Der Killerpilze (L'invasion des Champignons Tueurs) s'est révélé être une sorte de prophétie qui s'est appliquée au groupe lui-même. C'est à partir de ce moment-là que les choses ont vraiment décollé. Le premier single "Richtig Scheisse" (Quelle merde) traitait des difficultés des relations amoureuses avec le point de vue et le ressenti des jeunes concernés. Pour Mäx, le secret du succès du groupe s'explique simplement : « On écrit à partir de nos vies et de nos expériences. Et il semble que beaucoup de jeunes s'identifient à nous. »
« Mais ce n'est pas toujours un avantage d'être jeune parce qu'il y a beaucoup de sceptiques qui nous pointent du doigt en disant "Ces gamins n'auraient pu y arriver tout seuls." Mais réussir à transformer ces personnes sceptiques en fans est quelque chose de vraiment spécial, ça prouve tout simplement qu'on peut y arriver », conclut Mäx, confiant et pragmatique. Comme c'est souvent le cas, l'aventure est devenue leur récompense. Le premier album a été leur ticket d'entrée vers un monde où leur authenticité a été couronnée de succès. Ce qui leur a laissé champ libre pour la suite : écrire de nouvelles chansons avec de nouveaux messages pour leur génération. Jo partage cet avis : « En fait, c'est une bonne chose d'avoir des gens sceptiques, sinon il n'y aurait pas de challenge. »
Et ce qui différencie Killerpilze des autres groupes allemands c'est justement cette identification extrêmement forte. Les fans se retrouvent pleinement dans leur musique et leurs textes. En écrivant sur eux-mêmes, sur leur parcours, le groupe reste authentique. « On a un environnement sain autour de nous qui nous soutient », remarque Jo. « C'est ce qui nous permet de rester nous-mêmes », rajoute Mäx. « Au fond, ce qui nous anime c'est de penser que personne ne pourra nous changer. Tout a débuté avec ce qu'on faisait dans notre coin à la maison et est décidé à ne laisser personne écrire à notre place. On sait qu'on a assez de talent pour tout faire nous-mêmes et je pense que notre dernier album le prouve. »
Et pourtant, l'année dernière ne s'est pas écoulée sans heurts. Le départ de Schlagi, membre fondateur du groupe, a été une étape difficile à surmonter. « C'était un vrai choc parce que cela faisait cinq ans qu'on était ensemble et on s'entendait vraiment bien », se souvient Jo. « En même temps, si vous voulez passer votre vie à jouer de la musique, il faut le faire avec plaisir, et sur la fin, Schlagi ne ressentait plus ce plaisir. C'est juste une personnalité différente. » « Il faut réussir à gérer les soucis et la pression et si tout ça fait trop pour une personne, tout le plaisir disparaît. La seule raison pour laquelle on fait ce qu'on fait c'est pour le fun », ajoute Mäx.
Avec un contraste frappant par rapport aux boys bands lookés et musicalement peu équipés, Killerpilze est un groupe de potes d'école qui se sont rencontrés dans leur petite ville de Dillingen, en Bavière, et qui ont commencé la musique très tôt par le piano, la trompette et la guitare. Au début, Fabi, le batteur, n'avait que 10 ans et les deux autres avaient entre 14 et 15 ans. Même à un si jeune âge, les trois étaient déjà attirés vers le punk et les mélodies rock, et c'est la direction qu'ils ont voulu donner à leur musique. En juillet 2004, ils ont sorti leur premier disque autoproduit et auto distribué "Nach Vorne Durch Die Punkallee" (En descendant Punk Avenue) ; un disque qui s'arrache aujourd'hui à prix d'or entre les fans. La suite appartient à l'histoire.... Et la vitesse avec laquelle les événements se sont déroulés a plus d'une fois dépassé les protagonistes eux-mêmes.
La situation est différente sur ce nouvel album. Cette fois ci, pas de contrainte de temps ni d'obligation de succès à tout prix. Un nouveau contexte que le groupe a su mettre à profit. Jo se rappelle : « On a terminé les chansons beaucoup plus rapidement. Notre expérience du live nous a beaucoup aidée parce qu'on est des meilleurs musiciens maintenant. C'est quelque chose qu'on a remarqué en studio. » Les premières sessions ont eu lieu en août 2006 et l'enregistrement en décembre, avec le producteur Corni Bartels une nouvelle fois aux manettes. « Le nouvel album nous ressemble plus. Notre plus gros problème a été de faire le tri parmi toutes les idées qu'on avait pour ne garder que les bonnes. Jo a toujours des tonnes de bonnes chansons et de bons riffs qu'on a enregistrés à droite à gauche mais dont on n'a pas pu se servir au final », sourit Mäx.
Les paroles du groupe sont toujours dirigées vers leur publique avec des sujets qui frappent et suscitent l'attention. « Ces chansons et ces paroles sont des choses qu'on a ingurgitées et qu'on laisse ressortir. C'est toujours comme ça qu'on fonctionne », se souvient Jo. « Mais, ce n'est pas pour ça que ça a été simple. Par exemple, les petites amies ont toujours été un sujet clé pour nous mais pas dernièrement car aucun d'entre nous n'avait le temps d'avoir une petite amie. » Parallèlement, le groupe s'est davantage engagé au niveau social avec des titres comme "Ich Will Gerechtigkeit" ("Je veux une justice"). Cette chanson vient de deux engagements chers au groupe. D'abord, l'initiative "Kein Bock auf Nazis" ("Pas de temps pour les nazis") et puis leur voyage en Ethiopie après une invitation du militant pro Tiers Monde Karlheinz Böhlm. Deux événements qui ont éveillé une conscience sociale au sein du groupe. Ils ont fondé avec Karlheinz Böhlm l'association Punk Macht Schule ("Les Punks donnent l'exemple") qui a contribué à récolter des fonds pour construire une école en Ethiopie.
« Notre voyage en Ethiopie était incroyable se souvient Jo. C'était un choc culturel total. Quand tu vois les conditions de vie de gens là-bas, tu te sens tout de suite coupable. Tu ne peux pas te retenir de vouloir aider ces gens et c'est merveilleux de voir le plaisir qu'on peut apporter à leurs vies. C'est pour ça qu'on essaie de récolter autant d'argent possible d'ici septembre. Il y aura beaucoup de concerts pour l'Ecole cet été et on va donner un grand concert de soutien dans notre ville. On a quand même besoin de 190 000 euros, ce qui fait une sacrée somme. Mais on ne renoncera pas. » Le groupe en revient aux véritables racines du punk : s'élever, se forger une opinion et éveiller les autres à une justice sociale. « Pour nous, le punk est plus qu'un style, commente Jo. Ce n'est pas qu'une affaire de vêtements ou d'être contre tout. C'est plus avoir un effet positif sur notre publique jeune et leur donner des pistes de réflexions. »
La question se pose donc : Qui sont les Killerpilze en 2007 ? Qu'est-ce qui est resté, qu'est-ce qui a changé ? « On est toujours qu'un groupe qui profite de chaque instant et peu importe le temps qu'on passe à réfléchir à ce qui nous arrive, il y a toujours une partie qui nous échappe. On est super excité par ce qui nous arrive et ce qu'on a en stock pour le futur », annonce Jo. Mäx rajoute : « C'est vraiment important pour nous que les gens qui écoutent ce disque comprennent qu'on n'est pas qu'un phénomène de mode et qu'on continue de se développer. Dès le début, on savait qu'on préférerait faire 5 albums entiers plutôt que de se contenter de 10 tubes. Bien sûr, on n'aurait rien contre 5 albums et 10 tubes ! »